Justice Femme apprécie les dispositions dénonciatrices du discours haineux ainsi que l’élargissement les pouvoirs accrus de la Commission des Droits de la personne et des Droits de la jeunesse dans le cadre du projet de loi 59.
Toutefois nous sommes préoccupées par certaines dispositions contenues dans les deux projets de loi 59 et 62, qui risquent d’ouvrir la voie à des dérapages au nom de la lutte contre la radicalisation menant à la violence.
En effet, tout en partageant l’inquiétude face au fait que des jeunes individus québécois aient tenté de voyager dans des zones de conflits au Moyen-Orient, Justice Femme craint que les dispositions du projet de loi 59 ne visent que les musulmans et que cela puisse être utilisé à tout moment contre eux, alors que la radicalisation menant à la violence prend plusieurs formes, dont plusieurs n’ont aucun lien avec les musulmans et musulmanes du Québec.
En ce qui concerne le niqab, voile intégrale couvrant le visage, nous rappelons deux vérités : ce voile est porté par très peu de femmes musulmanes du Québec et celles qui le portent acceptent généralement de montrer leur visage quand il s’agit de raisons sécuritaires et d’identification. Nous considérons donc que la question du niqab est un faux problème et que quelque soit leur tenue vestimentaire, tous les Québécois et Québécoises devraient avoir le droit d’accéder aux services publics.
Nous sommes également soucieuses quant à l’application des dispositions du projet de loi 62, qui risquent de mener à une interprétation large et arbitraire par certains fonctionnaires, alors que les tribunaux ont exigé le contraire.
Justice Femme demeure disponible à collaborer avec toutes les instances du gouvernement pour trouver des solutions raisonnables et réalisables dans l’intérêt des musulmans et musulmanes du Québec, dans l’esprit d’une citoyenneté québécoise interculturelle, ouverte à toutes les cultures et religions.
Hanadi Saad, présidente de Justice Femme
Le 18 juin 2015
